Compte-rendu de la discussion n° : 07

Sujet : Quel avenir pour une presse libre ?

Initiateur/trice : Isabelle Masson, journaliste free-lance – PV détaillé disponible sur demande

Participants :

Éléments importants de la discussion (enjeux, obstacles et pistes de solution,…)

N’hésitez pas à indiquer également de quelle manière la conversation s’est déroulée

Les médias sont en crise : à cause de l'évolution fulgurante des supports (internet) et du dumping des conditions de travail qui empêchent les journalistes de faire un travail de qualité. Du coup, l'opinion publique critique en bloc médias et journalistes.

C'est très difficile de travailler comme journaliste indépendant même si ce mot est positif. La réalité est très dure. Les tarifs des piges sont les mêmes depuis 10 ans. Comment assurer dans ces conditions un travail de qualité, qui respecte la déontologie du métier?

En même temps, avec internet, avènement de la presse « citoyenne », publier des articles est devenu un hobby. Mais sans garantie de rigueur...

L'enjeu du financement des médias : il y a trois sources possibles : les abonnements, les annonceurs et les subsides. Ces trois sources conditionnent le travail, on n'est jamais totalement indépendant, impartial, neutre. Mais on doit être rigoureux pour tenter de l'être. Un type de financement (ex. la pub) peut conduire à empêcher cette rigueur (ex dire que les graisses font grossir), à partir du moment où la masse critique de cette source financière, est dépassée (elle devient trop influente). D'autres sources sont-elles possibles? A quelles conditions?

Pour tenir dans ce secteur il faut être attractif, affirmer un caractère (ligne éditoriale), s'y tenir, être dynamique. Celui qui lit votre article vous fait un cadeau, ce n'est pas le contraire (pour battre en brèche l'image de chevalier blanc de la presse dite « libre »). D'ailleurs, que signifie être libre? Ne pas être en prison!

Exemple du magazine Imagine qui a trouvé son lectorat, et maintenant aussi, assez d'annonceurs (ça n'a pas toujours été le cas et ça demande un arbitrage car certaines pub doivent être refusées pour respecter la ligne éditoriale).

Cette crise est symtômatique d'autres crises, ex celle de l'agriculture familiale face à l'agro-business, des épiceries indépendantes face aux chaînes de grandes surfaces... C'est chaque fois les petits qui sont précarisés par la dominance des gros. Donc le problème individuel de nombreux journalistes est aussi et surtout un problème collectif. Même au sein des médias, bien des titres sont condamnés...

Nous cherchons comment définir un nouveau modèle : pourquoi pas s'inspirer de celui de sites comme « touscoprod » où l'on peut être coproducteur d'un film. Il existe de tels sites pour la BD, des chanteurs... On pourrait co-financer une enquête. Le public ou le journaliste proposerait un sujet et à partir du moment où le montant nécessaire est collecté, le/la journaliste se lance dans l'enquête. Bref un site « j'enquête pour vous »! Cette idée soulève une foule de remarques. C'est tout un « business plan » à élaborer!